Elévation d’Alfred Dreyfus au grade de général de brigade
Publié le 06/06/2025 dans les catégories Justice Sécurité & Défense Politique
L'affaire Dreyfus, affaire judiciaire et politique, a secoué la France entre 1894 et 1906 et a profondément et durablement marqué la société française. Elle a mis en lumière les questions de justice, de corruption au sein des institutions y compris militaires, ainsi que les tensions antisémites de l'époque. Elle demeure aussi un symbole de la lutte contre l'injustice, et reste un moment clé et fondateur de l'histoire de la République française. Elle commence par l'accusation d'espionnage contre un officier français, Alfred Dreyfus, un capitaine d'artillerie alsacien d'origine juive, accusé à tort de trahison au profit de l'Allemagne.
Rappel des grandes dates de l’affaire :
→ L'accusation de trahison (1894) : Dreyfus est arrêté après la découverte d'un document compromettant, un bordereau, dans lequel il aurait révélé des informations militaires sensibles à l'Allemagne. Il est rapidement jugé et condamné à la déportation à l'île du Diable en Guyane, sur la base de preuves qui, plus tard, se révéleront falsifiées.
→ Les doutes et l'enquête (1896-1897) : Un autre officier, le commandant Ferdinand Esterhazy, devient rapidement le principal suspect, mais l'armée préfère maintenir la culpabilité de Dreyfus, afin de protéger ses propres intérêts et préserver la réputation de l'armée.
→ L'affaire éclate au grand jour (1898) : L'écrivain Émile Zola publie une lettre ouverte intitulée "J'Accuse…!" dans le journal L'Aurore, dénonçant l'armée et le gouvernement pour leur injustice envers Dreyfus et leur tentative de couvrir la véritable identité du coupable. Cette lettre provoque un grand scandale et divise profondément l'opinion publique française, entre les partisans de Dreyfus (les "dreyfusards") et ceux qui soutiennent l'armée (les "anti-dreyfusards").
→ Le réexamen du procès (1899-1906) : Après un second procès en 1899, Dreyfus est condamné à une nouvelle peine de déportation, mais grâce à l'influence des dreyfusards et à la pression publique, sa condamnation est annulée en 1906. Il est réintégré dans l'armée sans bénéficier de la rétroactivité et reçoit la Légion d'Honneur. Il démissionnera de l’Armée en 1907 avant d’y revenir comme Officier de réserve pendant la 1ère guerre mondiale (Verdun/Chemin des Dames). Il est nommé Lieutenant-colonel en 1918.
La proposition de loi débattue à l’Assemblée nationale souligne que « cinq années de déportation et d'humiliation ont irrémédiablement freiné sa carrière militaire. Il est incontestable que sans cette injustice, Alfred Dreyfus aurait accédé naturellement aux plus hauts grades ». Le 17 avril 2025, Pierre Moscovici, Frédéric Salat-Baroux et Louis Gautier signent ensemble une tribune demandant qu’Alfred Dreyfus soit élevé au grade de général de brigade afin de rendre justice à Dreyfus et rappeler qu’à travers lui « on peut mesurer que l’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs et des antisémites, mais qu’il pose la question des valeurs fondamentales sur lesquelles notre nation est bâtie : la justice, ce que c’est d’être Français, l’aspiration à l’unité et le poison des divisions ».
A l’heure où chacun peut constater le développement d’un nouvel antisémitisme, honorer Alfred Dreyfus prend tout son sens. Le dispositif de la proposition de loi prévoit que « La nation française, éprise de justice et qui n’oublie pas, élève à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade ». Patrick Hetzel a donc voté, tout comme l’ensemble des membres de son groupe de la Droite Républicaine, en faveur de cette proposition.