«La France des territoires, notre boussole pour l’avenir»
Publié le 16/04/2019 dans les catégories Médias
«La France des territoires, notre boussole pour l’avenir»
La tribune de Damien Abad et de 70 députés LR. Avec ses collègues, le députe de l’Ain propose trois solutions pour répondre à « la peur du déclassement de la France périphérique »
Le mouvement des Gilets jaunes a révélé la profondeur des fractures qui traversent la société française. Parmi elles, la fracture territoriale est la mère de toutes les fractures. En quarante ans, les différences de richesses entre les régions françaises se sont accrues de 28 %. Absence de médecins, fermeture des commerces, éloignement des services publics, fracture numérique, les déséquilibres territoriaux sont de plus en plus importants.
Avec Christian Jacob, nous avons été les premiers à mettre le thème des fractures territoriales sur le devant de la scène. Avec notre mission « La France des Territoires », nous nous sommes rendus dans plus de 25 départements pour rencontrer environ 2 000 acteurs locaux. Le constat des territoires est sans appel : si les fractures sont profondes et structurelles, une accélération des déséquilibres territoriaux a lieu depuis 2017. La fermeture des classes et des écoles en zone rurale, la mise en place de la limitation de vitesse à 80 km/h et la hausse des carburants ont créé de nouvelles inégalités.
Indirectement, l’augmentation de la CSG et la désindexation des retraites ont conduit à une précarisation encore plus importante de nos territoires et notamment des communes isolées : la part des personnes âgées y est deux fois plus importante qu’à Paris. Après les agriculteurs, les ouvriers et les employés, la baisse programmée du niveau de vie des retraités met encore plus en difficultés la classe moyenne de nos circonscriptions.
Partout, nous avons vu une France périphérique en proie au doute qui a peur du déclassement.
Pour relancer la solidarité territoriale, nous proposons d’intensifier les échanges infranationaux grâce à trois propositions : une augmentation de la péréquation, une déconcentration de l’enseignement supérieur et une baisse de l’imposition identique pour tous.
Echanges infranationaux. Vouloir résorber les fractures territoriales ne passe pas, à nos yeux, par une opposition entre les départements ruraux et urbains. Au contraire, pour relancer la solidarité territoriale, nous proposons d’intensifier les échanges infranationaux grâce à trois propositions : une augmentation de la péréquation, une déconcentration de l’enseignement supérieur et une baisse de l’imposition identique pour tous. Voici les trois raisons qui fondent ces solutions.
Complémentaires aux grandes villes, les territoires ruraux dépolluent notre pays. Les forêts françaises absorbent ainsi les émissions de Co2 des 40 villes les plus importantes de métropole. A nos yeux, ces échanges atmosphériques participent au principe de compensation environnementale. Nous proposons qu’ils soient mieux pris en compte grâce à une augmentation de la péréquation entre nos collectivités. Alors qu’Anne Hidalgo ou Gérard Collomb disposent d’un budget par habitant encore 33 % supérieur à celui des maires ruraux, cette proposition serait source de justice et d’équité territoriale. Nous devons faire le pari de la solidarité territoriale en renforçant la péréquation entre les territoires métropolitains et périphériques.
En outre, dans trente ans, la France comptera 10 millions d’habitants supplémentaires. Cette projection démographique est une bonne nouvelle pour le dynamisme de notre pays. Elle doit néanmoins nous inviter à questionner le principe de concentration. Si nous voulons continuer à vivre ensemble, nous devons mettre un terme à la métropolisation des espaces. Cela commence par une action ambitieuse en matière de formation. Incités au départ par l’éloignement des universités, trois quarts des étudiants français résident dans les trente plus grandes villes de notre pays. Ce mouvement de concentration a un double impact négatif. Il réduit l’ascension sociale des jeunes ruraux par le coût de la scolarité et il accentue l’exode rural.
Ainsi, trois ans après la fin de leurs études supérieures, la moitié des jeunes ruraux restent vivre dans un pôle urbain. A l’inverse du gouvernement qui a fermé plus de 1 000 classes dans les zones rurales, nous proposons de relancer l’ascenseur social dans toute la France périphérique en lançant un vaste plan de déconcentration de l’enseignement supérieur, à la manière des campus régionaux de Sciences Po : l’enjeu n’est plus de demander aux étudiants de se déplacer, mais d’irriguer l’ensemble du territoire national en savoir académique.
Solidarité. Enfin, il nous paraît urgent de répondre à la dévitalisation commerciale de la France des territoires. Dans certaines de nos communes, un commerce sur cinq a mis la clé sous la porte. Dans les villes de plus de 25 000 habitants, le taux de vacance a quasiment doublé en cinq ans. Il nous faut réduire les niveaux d’imposition pour augmenter le pouvoir d’achat local. Nous proposons une baisse massive des cotisations sociales qui pèsent sur les salaires nets et une diminution de l’impôt sur le revenu. Cette politique fiscale permettrait de relancer la consommation de manière équilibrée sur tout le territoire national, sans discriminer les collectivités locales entre elles – à l’inverse de la suppression de la taxe d’habitation.
Péréquation, décentralisation, baisse de l’imposition : ces trois propositions visent à renforcer les échanges entre nos territoires. Elles ne pourront être mises en œuvre que par une lutte acharnée contre le gaspillage public.
Dans une certaine mesure, 2019 n’est pas loin de 1789. Dans les cahiers de doléances d’hier, les habitants de la France des territoires demandaient déjà au Roi de « se faire rendre compte de l’emploi des deniers afin de diminuer les dépenses qui forment un poids pesant sur les habitants de la campagne ». Plus de deux siècles plus tard, pour renforcer la solidarité territoriale, nous formulons la même demande au président de la République.
Damien Abad est député LR de l’Ain. Cette tribune est cosignée par les députés LR : Emmanuelle Anthoine, Nathalie Bassire, Thibault Bazin, Valérie Bazin-Malgras, Valérie Beauvais, Emilie Bonnivard, Jean-Yves Bony, Jean-Claude Bouchet, Valérie Boyer, Xavier Breton, Bernard Brochand, Fabrice Brun, Jacques Cattin, Gérard Cherpion, Dino Cinieri, Pierre Cordier, Josiane Corneloup, Olivier Dassault, Claude de Ganay, Charles de la Verpillière, Bernard Deflesselles, Rémi Delatte, Vincent Descœur, Fabien Di Filippo, Julien Dive, Jean-Pierre Door, Marianne Dubois, Virginie Duby-Muller, Pierre-Henri Dumont, Nicolas Forissier, Laurent Furst, Annie Genevard, Philippe Gosselin, Patrick Hetzel, Brigitte Kuster, Valérie Lacroute, Marc Le Fur, Constance Le Grip, Sébastien Leclerc, Geneviève Levy, David Lorion, Emmanuel Maquet, Olivier Marleix, Franck Marlin, Jean-Louis Masson, Gérard Menuel, Frédérique Meunier, Jean-François Parigi, Guillaume Peltier, Bernard Perrut, Didier Quentin, Alain Ramadier, Robin Reda, Frédéric Reiss, Jean-Luc Reitzer, Bernard Reynès, Antoine Savignat, Raphaël Schellenberger, Jean-Marie Sermier, Eric Straumann, Guy Teissier, Jean-Louis Thiériot, Laurence Trastour-Isnart, Isabelle Valentin, Pierre Vatin, Patrice Verchère, Arnaud Viala, Michel Vialay, Jean-Pierre Vigier, Stéphane Viry.