Ouvrir exceptionnellement l’Ordre de la Libération pour l’amiral Philippe de Gaulle

Publié le 16/06/2023 dans les catégories Sécurité & Défense

L'ordre de la Libération est une distinction prestigieuse créée par le Général de Gaulle le 16 novembre 1940. Elle récompense le courage et le dévouement de ceux qui ont contribué de manière significative et déterminante à la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Une distinction unique décernée à des individus, des unités militaires ou des communes pour leur rôle exceptionnel. Deuxième ordre national français après la Légion d’honneur, l’ordre de la Libération ne comporte qu’un seul titre, celui de Compagnon de la Libération et un insigne unique, la croix de la Libération.

Les 1038 Compagnons de la Libération sont issus de 25 nationalités différentes, de tous âges et de tous milieux. Parmi eux, des héros parfois très jeunes comme Mathurin Henrio, abattu par les Allemands à l'âge de 14 ans, ou encore des visages plus connus comme le Général Dwight Eisenhower qui deviendra plus tard, le 34e Président des États-Unis. Six femmes ont reçu cette distinction : Berty Albretch, Laure Diebold, Marie Hackin, Marcelle Henry, Simone Michel-Lévy et Emilienne Moreau-Evard. Toutes résistantes pendant la guerre.

Par décret en date du 23 janvier 1946, le Général de Gaulle met fin à l’attribution de la croix de la Libération. Deux exceptions seront faites après cette date. La première en 1958 pour le Premier ministre britannique Winston Churchill qui a « inspiré et dirigé la résistance de son pays et contribué, par-là, d’une manière décisive à sauver la liberté du monde ». La seconde à titre posthume en 1960 pour le roi Georges VI, fervent opposant au régime nazi.

Avant de fermer l’ordre, le Général de Gaulle organisa une cérémonie grandiose pour le 11 novembre 1945. Les noms de quinze personnes – treize hommes et deux femmes – morts pour la France, furent tirés au sort pour cette cérémonie symbolique. Leurs cercueils furent transférés et veillés sous le dôme doré de l’Hôtel des Invalides le 10 novembre. Ils furent escortés le 11 jusqu’à l’Arc de triomphe, puis disposés autour du Soldat inconnu, créant un lien entre les deux conflits mondiaux. Le convoi funèbre rejoignit ensuite le Mont-Valérien, lieu hautement symbolique ou plus de mille résistants avaient été fusillés pendant la guerre.

En 1952, Edmond Grethen, fusillé en Indochine en mars 1945 sera inhumé à leurs côtés. Ces seize morts pour la France reposèrent sur ces lieux jusqu’à l’inauguration du mausolée de la France combattante en 1960. Leurs seize cercueils furent disposés en cercle autour d’un caveau vide, destiné à accueillir le dernier Compagnon de la Libération.  Hubert Germain, décédé le 12 octobre 2021 y sera inhumé le 11 novembre 2021 à l’issue d’une cérémonie en tous points similaires à celle qui avait eu lieu 76 ans plus tôt.

Il faut attendre avril 1945 pour que Philippe de Gaulle reçoive des mains du général Leclerc sa première décoration militaire, la croix de Guerre 1939 – 1945 avec trois citations pour faits de guerre. Un peu plus d’un an plus tard, il sera fait chevalier de la Légion d’honneur. Un engagement pour la France que Philippe de Gaulle continuera bien après la fin de la Seconde Guerre mondiale. En poursuivant sa carrière militaire dans la marine où il deviendra contre-amiral en 1971, puis vice-amiral en juin 1975 et amiral en juin 1980. Il dirigera par ailleurs la délégation française lors des négociations de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer qui ont abouti à la convention de Montego Bay en 1982, après 9 ans de travail.

La même année, il prendra sa retraite en tant qu’Inspecteur général de la marine avant de commencer une carrière politique où il continuera de servir comme conseiller de Paris et adjoint au Maire de Paris chargé des relations extérieures, puis comme conseiller régional Île-de-France et sénateur de Paris de 1986 à 2004. Après une longue carrière et un engagement exemplaire, la France retient que le Général de Gaulle a toujours refusé de décerner la médaille de la Résistance à son fils Philippe, tout comme il lui a refusé le titre de Compagnon de la Libération. Un refus justifié par la simple inquiétude de se voir reprocher un acte de népotisme. La France doit reconnaître ses héros. L’engagement de Philippe de Gaulle dans la Libération doit être reconnu. Tel est le sens de la proposition de résolution déposée par le groupe les Républicains et signée par Patrick Hetzel.