Permettre le déblocage anticipé de l’épargne salariale pour des travaux de rénovation thermique et énergétique
Publié le 28/07/2023 dans les catégories Economie
Patrick Hetzel vient de s’associer à une proposition de loi, initiée par son collègue Fabien Di Filippo, afin de permettre une mobilisation de l’épargne familiale pour financer des travaux de rénovation thermique et énergétique. En effet, plébiscitée par de nombreux salariés, l’épargne salariale connait un fort succès. Au 31 décembre 2022, cette épargne qui permet aux entreprises de verser à chaque salarié une prime liée à la performance de l'entreprise (intéressement) ou représentant une quote-part de ses bénéfices (participation) comptabilisait plus de 162 milliards d'euros d’encours, et le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale ou d’épargne retraite s’élevait à 378 200 (+ 5 % par rapport à 2021 et + 40 % par rapport à 2012). Les derniers chiffres de la DARES (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) indiquent que 9,5 millions de salariés ont accès à au moins un dispositif de participation, d’intéressement ou un plan d’épargne salariale, 44,3% des salariés sont couverts par un plan d’épargne entreprise et 25,1% des salariés sont couverts par un plan d’épargne retraite. Les sommes attribuées par les entreprises peuvent, au choix du salarié, lui être versées directement ou être déposées sur un plan d'épargne salariale. Généralement, les sommes placées dans les plans d'épargne salariale sont indisponibles pendant une certaine durée.
Toutefois, dans certaines situations exceptionnelles, variables selon le dispositif (participation, plan d'épargne d'entreprise, plan d'épargne pour la retraite collectif, plan d'épargne retraite d'entreprise collectif ou contrat article 83), la totalité ou une partie de ces sommes peuvent être récupérées avant le terme prévu. Il peut s’agir d’un mariage, un Pacs, une naissance ou adoption, un divorce, une séparation, un décès, une invalidité, des violences conjugales, une cessation d’activité, un surendettement, une création ou reprise d'entreprise, mais aussi de l’acquisition d'une résidence principale et de travaux d'agrandissement ou de remise en état suite à une catastrophe naturelle. Ainsi, actuellement, les travaux de rénovation thermique et énergétique ne permettent pas le déblocage anticipé de l’épargne salariale. Alors que le secteur du bâtiment représente 47% des consommations énergétiques annuelles et 18% des émissions de CO2 nationales, il semblerait opportun de donner aux salariés la possibilité de retirer tout ou partie des avoirs bloqués dans l’un des dispositifs d’épargne salariale lorsqu’ils souhaitent engager des travaux de rénovation thermique ou énergétique pour une résidence principale ou secondaire. La France s'est engagée, via la loi de transition énergétique, à diminuer de 40% ses émissions de gaz à effet de serre et de 30% sa consommation d'énergies fossiles à l'horizon 2030, et une concertation a été lancée sur le futur de « France Rénov’ », le service public de la rénovation de l’habitat, afin de construire d’ici l’automne un nouveau pacte territorial pour « renforcer l’accompagnement des ménages et le rendre plus simple, plus lisible et plus efficace. ».
La mesure instaurée par cette proposition de loi va en ce sens, en incitant nos concitoyens à investir dans la rénovation de leur logement et à s’engager face aux grands défis que sont la transition écologique de l’habitat, la lutte contre la précarité énergétique et l’accès à un logement décent et adapté tout au long de la vie. L’article 1er de cette proposition de loi vise donc à ajouter les travaux de rénovation thermique et énergétique à la liste des motifs de déblocage anticipé de l’épargne salariale. Une telle disposition participera également à la relance de l’activité du secteur du bâtiment, en grande difficulté actuellement. La Fédération française du bâtiment redoute en effet la suppression de près de 100 000 postes à horizon 2024-2025, soit à peu près le nombre d'emplois créés dans le secteur depuis la sortie du 1er confinement, alors que le nombre de mises en chantier ne cesse de baisser. L’article 2 garantit l’acceptabilité financière de cette proposition de loi.