Non à l’accord UE-Mercosur, erreur économique et horreur écologique !

Publié le 08/07/2019 dans les catégories Environnement Agriculture Médias

Non à l’accord UE-Mercosur, erreur économique et horreur écologique ! Tribune publiée le 07.07.19 - Le Parisien

Tribune co-signée par Patrick Hetzel.

Les traités de libre-échange ne sont ni bons ni mauvais en soi. Ils doivent être jugés au cas par cas, à l’aune de l’intérêt national. L’accord signé le 28 juin entre l’Union européenne et les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) présente un triple danger pour les agriculteurs français, l’environnement et la santé de nos concitoyens.

Alors qu’il y a encore quelques mois, avant les élections européennes, le président de la République estimait que « la Commission européenne avait résisté à un accord » jugé « mauvais », il s’est félicité il y a une semaine d’un « bon accord », allant « dans la bonne direction ». Une telle volte-face ne repose malheureusement sur aucune garantie suffisante pour protéger les intérêts de notre pays.

Comment justifier d’imposer toujours plus de normes aux éleveurs français, tout en ouvrant nos portes à des milliers de tonnes de productions agricoles qui ne les respectent pas ? Comment expliquer que l’on surtaxe en France l’automobiliste contraint de prendre sa voiture pour aller travailler à 10 km de chez lui, tout en détaxant l’importation d’une viande produite à 10 000 km de l’Europe ? Ce n’est pas un jeu à somme nulle mais négative, économiquement stupide et écologiquement pervers.
A rebours de ces absurdités, nous proposons de créer une barrière écologique aux frontières de l’Europe pour empêcher l’importation depuis des pays qui ne respectent pas nos standards environnementaux. Nous voulons faire contribuer les produits importés à la hauteur du gaz à effet de serre émis pour leur transport.

Le président de la République, lui, préfère l’écologie bureaucratique. Comme un collectionneur, il empile les Conseil de défense écologique, Haut conseil pour le climat, Convention citoyenne pour la transition écologique et autre Conseil national de la transition écologique. Cette créativité technocratique ne le dissuade, ni d’accepter l’importation de millions de produits qui ne respectent pas nos propres normes, ni même d’offrir de nouveaux débouchés à une agriculture intensive sud-américaine pourtant responsable de 80% de la déforestation de l’Amazonie.

Qui ne voit, de plus, que cet accord soumettrait l’élevage français à une concurrence aussi massive que déloyale ? Pour satisfaire l’industrie automobile allemande, l’Elysée accepte de poignarder les agriculteurs français. Ce sont ainsi quelque 99 000 tonnes supplémentaires de viande bovine à taux préférentiel, 180 000 tonnes de volaille et 180 000 tonnes de sucre à taux zéro qui seraient importées en Europe en provenance du Mercosur. Il en va de l’avenir de filières agricoles entières – singulièrement pour le modèle français d’élevage, fondé sur des dizaines de milliers d’exploitations familiales et sur des exigences de qualité alimentaire aux antipodes de l’agro-industrie bovine du Mercosur. Les usines à viande sud-américaines inonderaient nos supermarchés de produits de médiocre qualité, qui présentent des risques pour la santé publique. Les antibiotiques, en Amérique latine, sont fréquemment utilisés comme hormones de croissance et les trois quarts des produits phytosanitaires autorisés au Brésil sont interdits en Europe !Alors même que nos éleveurs et nos bouchers sont déjà la cible d’un dénigrement sans précédent et de groupuscules d’extrémistes vegan, cet accord leur donnerait le coup de grâce. Quant aux pseudo-garde-fous que les ministres français nous vantent (clause de sauvegarde en cas de déséquilibre d’une filière, respect des standards sanitaires européens), ils seraient aussi efficaces qu’un tuyau d’arrosage percé pour éteindre un incendie de forêt.

Pour nous, parlementaires Républicains, le choix est clair. Notre riposte sera unanime. A l’Assemblée nationale, au Sénat comme au Parlement européen, nous nous mobiliserons pour que ce funeste accord ne soit jamais ratifié.