Patrick Hetzel

Publié le 18/12/2018

J'ai grandi à Sarre-Union où mes parents étaient restaurateurs (Au Cheval Noir). Ma langue maternelle est l'alsacien et comme beaucoup d'entre nous, j'ai appris le français à l'école puisqu'à la maison nous parlions exclusivement l'alsacien.

C'est depuis mon enfance, et sans doute en raison de mon environnement familial, que j'ai développé un goût important pour l'histoire en général et celle de l'Alsace en particulier.

S'il fallait retenir un trait de caractère qui me définisse, je dirais que je suis très attaché à m'investir pleinement dans ce que je fais. Je crois fondamentalement en la capacité des hommes à agir pour transformer et améliorer la société au sein de laquelle ils vivent. D'un naturel optimiste, je ne me résous jamais à la fatalité. C'est ainsi que j'ai toujours tenu à m'engager de différentes manières dans la vie de la cité ou dans mon milieu professionnel.

Plusieurs moments de ma vie permettent d'illustrer cela. En 1982, alors que je venais d'obtenir mon baccalauréat, j'ai décidé de consacrer mon été à travailler, avec d'autres, à la création d'un syndicat d'initiative à Sarre-Union. J'étais alors déjà persuadé que notre territoire avait besoin d'une structure permettant de valoriser ses atouts auprès des touristes qui le fréquentaient. Je fus très fortement encouragé dans cette entreprise à la fois par le conseiller général de Sarre-Union de l'époque, Marcel Wintzerith, et par le député de la circonscription, Adrien Zeller. C'est de cette époque que date le début de ma relation amicale avec Adrien Zeller avec lequel j'ai ensuite souvent coopéré et échangé.

Au service des autres

Ensuite, étudiant à Strasbourg, je me suis engagé très fortement dans la vie associative étudiante et notamment au sein de l'Association Fédérative Générale des Etudiants de Strasbourg (AFGES) dont je suis devenu le président en 1984. Cette association joue un rôle déterminant pour que les étudiants soient pleinement acteurs de leur vie étudiante, s'impliquent et n'agissent pas en simples consommateurs. J'ai prolongé cet engagement en 1985 en prenant la présidence de la section strasbourgeoise de la Mutuelle Générale des Etudiants de l'Est (MGEL).

Quelque temps plus tard, alors que je préparais mon doctorat à Lyon, j'ai créé avec d'autres jeunes doctorants une association intitulée « Les Ateliers de Thésée » qui a encore aujourd'hui pour objectif de permettre à de jeunes chercheurs de travailler en réseau et ainsi partager leurs bonnes pratiques et leurs expériences. L'intérêt général était de travailler en réseau et en équipe plutôt que de manière solitaire et isolée comme cela se pratiquait alors encore trop souvent en France.

A la même période, alors que mon épouse et moi étions jeunes parents, nous décidions aussi de nous impliquer très fortement dans une crèche associative autour de la pédagogie Montesori. Ce fut un fantastique travail d'équipe avec une dizaine de familles qui se sont impliquées sans relâche pour faire vivre ce lieu d'accueil de jeunes enfants. Il était important pour nous de nous engager personnellement et de ne pas tout attendre des pouvoirs publics. Etre citoyen c'est aussi montrer l'exemple et consacrer du temps à la collectivité.

Par ailleurs, je crois très fortement à la valeur du travail. C'est ainsi que dans mon activité professionnelle d'universitaire, j'ai toujours été très attaché à exercer de manière conjointe et équilibrée toutes les facettes du métier : investissement pédagogique important en enseignant à tous les publics (formation initiale et continue) et avec des méthodes pédagogiques innovantes, activité de recherche menée de façon intensive tout en travaillant à une bonne articulation entre recherche fondamentale et les retombées sociétales de la recherche, implication significative dans la gestion de l'institution universitaire et le suivi des étudiants avec une forte attention portée à leur insertion professionnelle.

Stimuler le changement

Soucieux d'être ouvert sur le monde, j'ai développé de nombreuses coopérations avec des collègues et des institutions étrangères. C'est dans cet esprit que j'ai enseigné ou donné des conférences dans une cinquantaine de pays à travers le monde et participé à des projets de recherche internationaux entre autres aux Etats-Unis, en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Italie ou encore en Grande-Bretagne.

Parmi les aventures humaines très enrichissantes, je voudrais aussi citer la création du LARGEPA (laboratoire de recherche en sciences de gestion de l'université Panthéon-Assas). Avec une douzaine de collègues universitaires, nous avons décidé de créer ce centre de recherche à partir de 1999 afin de couvrir l'ensemble des domaines de la recherche en sciences de gestion et nouer des relations très fortes avec les milieux professionnels. L'un de nos objectifs était de créer un continuum entre la recherche et l'action et de permettre assez naturellement des allers retours entre la pratique et la théorie. Notre volonté était de stimuler la recherche partenariale entre l'université et les entreprises. Aujourd'hui, ce centre de recherche est devenu une référence aussi bien auprès des entreprises que du monde académique, et diplôme chaque année au moins une trentaine de jeunes docteurs qui trouvent tous un emploi dans les semaines qui suivent leur diplomation.

Au fil du temps, je suis devenu un expert de la gestion de projet de haut niveau mais aussi de la gestion d'équipes. Trois expériences permettent de l'illustrer. La première est liée à la Commission du Débat national Université/Emploi, la seconde à la réforme des universités françaises conduite ces dernières années.

Pour sortir de l'importante crise du CPE (contrat première embauche) en 2006, le Premier ministre d'alors avait proposé la création d'une commission du Débat national Université/Emploi dont l'objectif était de faire des propositions afin d'améliorer la situation de l'emploi en France et permettre une meilleure prise en compte des questions d'employabilité. Alors Recteur de l'Académie de Limoges depuis 2005, je fus président de cette commission qui a conduit ses travaux pendant six mois. Ce fut un gigantesque travail de concertation et de consultation, mené sur l'ensemble du territoire national grâce au relais des recteurs d'académie qui ont organisé des réunions et des échanges partout en France et avec tous acteurs concernés : employeurs, enseignants, étudiants, etc.. Un rapport a été remis à l'automne 2006 au Premier ministre. C'est ce rapport, considéré comme consensuel par la plupart des parties prenantes, qui a servi de fondement à la loi Liberté et Responsabilités des Universités qui fut votée en 2007. Dans son prolongement et dans les années qui ont suivi, 98% des mesures préconisées par ce rapport ont été mises en place.

Un management public au service d'une France qui innove

Lorsqu'en 2007, François Fillon est devenu Premier ministre, il a souhaité que je le rejoigne comme conseiller en charge des questions d'éducation, d'enseignement et de recherche. Il tenait notamment à ce que je suive et coordonne, à Matignon et à ses côtés, le projet de loi du gouvernement concernant les universités. Cette loi fut la première adoptée au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le Premier Ministre était très attaché à ce que la loi puisse aussi être mise en œuvre de façon rapide et efficace. C'est la raison pour laquelle il a souhaité que je rejoigne Valérie Pécresse alors Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche en devenant directeur général de l'enseignement supérieur.

Ces années à la tête de cette direction générale furent passionnantes. En effet, il s'agissait de faire évoluer la culture de l'administration centrale et transférer des compétences nouvelles aux universités qui devaient pour ce faire développer de nouveaux savoir-faire. La philosophie de la loi a été de considérer qu'il fallait que les décisions ne soient plus toutes prises à Paris mais au plus près du terrain. Plus près de là où elles ont un impact. Ce fut une aventure fantastique. Il a fallu agir à trois niveaux : celui de l'administration centrale (le ministère) qui devait changer de culture et passer d'une logique de contrôle a priori à un contrôle a posteriori, celui des universités (toutes les parties prenantes : présidence, personnels, étudiants) qu'il fallait convaincre que ces nouvelles compétences étaient une façon moderne et efficace de gérer et enfin les entreprises, les branches et les organisations professionnelles qu'il fallait persuader que la coopération avec les universités était indispensable pour améliorer la compétitivité globale de notre pays. Au moment où j'ai quitté mes fonctions j'étais responsable d'un budget global annuel de plus de 18 Milliards d'Euros. Tout le monde s'accorde à dire que cette réforme est une réussite majeure de ces dernières années en matière de gestion publique.

Après cette période où je me suis fortement investi au service de l'Etat, en plein accord avec mon épouse Fabienne, j'étais prêt à m'engager pleinement dans une activité de parlementaire pour défendre nos valeurs à l'Assemblée Nationale en représentant la 7ème circonscription du Bas-Rhin. Le dimanche 17 juin 2012, les électeurs du territoire nous ont très nettement portés en tête du scrutin de la 7ème circonscription du Bas-Rhin, mon suppléant Laurent Burckel et moi-même, avec 57,21 % des suffrages exprimés.

Réélu le 18 juin 2017 avec 62,61% des suffrages exprimés. Sa suppléante est Madame Eliane Kremer, Savernoise, adjointe au maire de Saverne.