Moratoire concernant la fermeture d’écoles et de classes en milieu rural

Publié le 23/02/2024 dans les catégories Développement local Ruralité Education nationale

« L’école rurale doit vivre ». Cet appel, prononcé par l’Association des Maires Ruraux, est le cri d’alarme d’élus de différentes sensibilités pour dénoncer la fermeture progressive des classes en zone rurale. La volonté de l’Éducation Nationale d’appliquer des critères qui aboutissent à une accélération des fermetures de classes et d’écoles rurales est un non-sens pour nos élus locaux et pour les parents d’élèves. Alors même que le « soutien à la ruralité » est affiché comme une priorité par l’État, les décisions unilatérales affectant directement la carte scolaire en zone rurale, impactent l’aménagement du territoire.

Si la baisse des effectifs d’élèves touche autant le monde urbain que le monde rural, il ne semble pas concevable que lorsque les Directeurs académiques des Services de l’Education nationale poursuivent dans le primaire le dédoublement des postes en zones urbaines denses, le monde rural doive subir le tribut d’une approche comptable et statistique déséquilibrée.

C’est d’autant plus « injuste » pour des territoires confrontés aux difficultés et aux spécificités des « classes rurales multi-âges » ainsi qu’à la problématique de l’éloignement scolaire qui oblige les élèves à effectuer des temps de trajet importants. L’État se doit de favoriser l’égalité des chances devant l’offre scolaire, qui passe par un droit à l’accès scolaire à proximité. Ce droit est fragilisé dès lors que sont imposées des contraintes de déplacements aux enfants par des regroupements subis. Il est totalement rompu lors de la fermeture de classes par une approche comptable et statistique.

Pourtant en 2021, l’État s’est engagé à « prendre en compte les contraintes territoriales dans l'allocation nationale des moyens de l'Éducation Nationale à travers la définition d'un indice d'éloignement » et à « mieux prendre en compte les spécificités des "classes multi âges", notamment en matière de formation et d'accompagnement des personnels enseignants ». Ces engagements attendent toujours d’être appliqués, si l’on veut conserver des classes ouvertes et une bonne qualité d’enseignement au sein des territoires ruraux. Il n’est pas concevable de rester inactifs face à cette véritable fracture territoriale, malheureusement trop souvent négligée par la puissance publique. En quarante ans, ce sont plus de 17 000 écoles qui ont été fermées. Il s’agit d’un quart des établissements français, et la tendance s’accélère ces dernières années, au vu du nombre de contestations à ce sujet sur l’ensemble du territoire.

Pour répondre à cette problématique, l’État doit repenser sa doctrine scolaire et sa politique publique en milieu rural pour conjuguer aménagement du territoire et réussite des élèves. L’école rurale est une chance, elle conjugue aussi proximité et qualité de l’enseignement, contribuant à l’épanouissement et à l’apprentissage des fondamentaux de nos enfants.

Ainsi, il n’est pas possible de priver le monde rural de la présence d’une école contribuant au maintien et à l’arrivée de jeunes ménages. La dynamique économique et l’attractivité des communes rurales en dépendent au même titre que la présence médicale et le commerce de proximité. De fait, des solutions doivent être trouvées rapidement pour empêcher que les zones rurales deviennent des variables d’ajustement au profit des plus grandes agglomérations. 

Considérant ces éléments, il semble nécessaire de mettre en place un moratoire sur la fermeture d’écoles et de classes en zone rurale. Il en va de l’avenir de nos enfants et de nos communes qui participent au maillage de l’ensemble du territoire. Cette proposition concrète portée par l’Association des Maires Ruraux de France, soutenue par de nombreux élus locaux, la communauté pédagogique et les parents d’élèves, mérite de trouver un écho favorable au Parlement. C’est pourquoi, Patrick Hetzel a décidé d’être cosignataire de cette proposition de résolution.