Rencontre avec Eric Woerth afin de défendre l’Alsace

Publié le 05/04/2024 dans les catégories Développement local

Patrick Hetzel a rencontré mercredi le 3 avril, en tête à tête, durant une heure, son collègue Eric Woerth, qui effectue actuellement une mission parlementaire au sujet de la décentralisation, afin de le sensibiliser aux spécificités alsaciennes et lui expliquer pourquoi une évolution est indispensable pour l’Alsace. Cet entretien s’est déroulé dans une atmosphère très constructive. Ce fut ainsi l’occasion de mettre en avant les nombreuses raisons qui justifient qu’à l’avenir, la Collectivité Européenne d’Alsace puisse pleinement exercer les missions actuellement encore dévolues par la loi au Conseil Régional. Parmi les arguments mis en avant, il y a évidemment la dimension européenne qui est une spécificité absolue de l’Alsace. Il a été très attentif à la question du statut de Strasbourg capitale européenne.

Si Strasbourg, Eurométropole, est siège de plusieurs organisations européennes, elle le doit fondamentalement à son lien historique avec l’Alsace. Or, elle a subi, du fait de la création d’un conseil régional comportant un périmètre plus étendu que l’Alsace et des délocalisations qui s’en sont suivies, un déclassement inédit qui fait qu’elle n’est plus une capitale régionale à part entière. Cette dégradation de son image, sous le regard de 90 représentations diplomatiques et consulaires, crée un grave préjudice pour le maintien de sa position internationale.

Cela n’impacte pas que l’Alsace mais aussi la France. Il faut donc restituer à l’Alsace la plénitude de ses attributs de capitale régionale d’autant plus que Strasbourg est la seule ville française qui dispose de sièges d’institutions européennes. Ne pas aller dans ce sens, c’est véritablement fragiliser Strasbourg comme capitale européenne. De façon complémentaire, Patrick Hetzel a aussi rappelé que la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) tient sa dénomination originale de la reconnaissance par l’Etat des spécificités de sa situation et de son histoire qui lui donnent vocation à être à l’avant-garde des coopérations européennes, avec de puissants partenaires allemands, suisses et autres. L’inadéquate répartition des compétences entre la CEA et la collectivité territoriale régionale actuelle interdit la concrétisation de cette ambition. L’Alsace doit pouvoir participer en toute responsabilité à l’Europe des régions, avec les atouts et compétences nécessaires.

A cela vient s’ajouter le fait qu’un espace géographique pertinent pour un grand nombre de politiques publiques est l’espace rhénan. Celui-ci appelle donc une coopération étroite entre deux institutions politiques : le Land du Bade-Wurtemberg d’une part et la Collectivité Européenne d’Alsace d’autre part. C’est d’ailleurs une demande forte de nos voisins allemands. Pour que cela soit véritablement efficace, il est indispensable que la Collectivité Européenne d’Alsace puisse être en mesure de décider en matière économique, d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation, et de négocier ces politiques avec le Land du Bade-Wurtemberg. Or actuellement, ces compétences ne sont pas de son ressort, ce qui est très préjudiciable. Eric Woerth a été très sensible à ces aspects et a assuré que la situation de l’Alsace serait bien abordée de manière spécifique dans son rapport car il a pleinement conscience de bon nombre de singularités. Il a aussi précisé qu’il n’était pas décideur mais force de propositions.

 

L'Ami Hebdo - 14 avril 2024